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6.2) Le scaphandre

D'une manière générale, il est préférable d'utiliser des robinetteries DIN plutôt qu'étrier sur le scaphandre. L'étrier (Yoke pour les américains), peut plus facilement fuir au niveau de la connexion, et est limité à 230 bars. Les robinetteries DIN existent en deux standards : 200 et 300 bars. La différence est la longueur du pas de vis qui est plus longue pour le DIN 300 bars. Ainsi, un détendeur DIN 300 bars peut être connecté sur une robinetterie DIN 200 bars. Le contraire n'est pas possible. Un détendeur DIN comporte un filetage male qui se visse sur un filetage femelle (le robinet). Le joint se trouve au bout du pas de vis male du détendeur. Il est virtuellement impossible que le joint se défasse une fois que le détendeur est sous-pression. La technique DIR préconise l'utilisation de robinets DIN, tous les plongeurs techniques que je connais n'utilisent que les robinets DIN. Je n'ai encore trouvé aucun argument en faveur des robinets étrier en plongée technique, (excepté pour les bouteilles de décompression), la différence de prix n'est pas très élevé et on trouve facilement des robinets bi-standards DIN/Etrier, avec lesquels il suffit de visser ou dévisser un opercule pour passer d'un standard à l'autre.

 Robinet DINRobinet Etrier

6.2.1) Cas de l'utilisation d'une bouteille.

La mono peut être utilisée en plongée de loisir si :

Il est préférable d'utiliser une robinetterie à double sortie, permettant d'installer deux détendeurs, le principal et celui de secours. Sinon, il faut installer deux second étages sur l'unique détendeur afin de pouvoir fournir du gaz à un plongeur en panne d'air sans faire d'échange d'embout.

6.2.2) Cas de l'utilisation d'un bi-bouteille.

Le bi peut être constitué de deux bouteilles indépendantes ou de deux bouteilles connectées ensemble. Le choix d'un système ou d'un autre est fonction des possibilités techniques disponibles ou du choix personnel de technique de plongée. Un bi avec des bouteilles isolés obligent à régulièrement changer d'embout lors de la plongée, généralement toutes les une ou deux minutes, afin d'équilibrer la consommation sur les deux bouteilles, ainsi en cas de panne de gaz sur l'une des bouteilles, l'autre permet le retour à la surface (si on a respecté les règles de consommation). Deux bouteilles isolées obligent toutefois à régulièrement surveiller deux manomètres.

Certains plongeurs trouvent qu'il est moins dangereux d'avoir deux bouteilles reliés par une robinetterie (manifold pour les américains). Les manifolds ont deux ou trois robinets, avec deux robinets, chacun des robinets contrôle chacune des sorties, mais si un problème survient, par exemple sur le joint de la bouteille, il n'est pas possible d'isoler les deux bouteilles, c'est pourquoi, la majorité des manifolds utilisent un troisième robinet qui permet d'isoler les deux bouteilles, c'est le système préconisé par DIR. En cas d'utilisation de manifold, le plongeur doit être entrainé à rapidement pouvoir actionner n'importe lequel des robinets.
Manifold avec isolateur

J'utilise les deux systèmes, lors de mes explorations en lac ou en mer, j'utilise une manifold, en plongée spéléo, quand je ne connais pas la topographie de la cavité ou que je sais qu'il y a des étroitures, j'utilise des bouteilles indépendantes.

Différents systèmes de solidarisation sont possibles :

Mon Bi Trimix est solidarisé par des arceaux métal. Quand j'utilise des mono 11 litres pour plonger moins profond, j'utilise des sangles ou des attaches rapides afin de me confectionner rapidement un bi avec des monos.

6.2.3) Protection de la robinetterie

Lors de plongée sous plafond, il y a toujours le risque de cogner le scaphandre sur un rocher ou une épave, ce qui peut sectionner les flexibles ou casser la robinetterie. C'est pourquoi, certains spéléo protègent leur robinetterie par des cages autour des robinets. Si une cage est posée, elle ne doit pas empécher la manoeuvre des robinets. Sa conception doit être telle qu'elle ne permette pas au fil de se coincer dedans, ce qui implique une cage fermée et non une simple tige coudée au dessus des robinets. D'autres spéléo considèrent qu'il vaut mieux pouvoir accéder rapidement aux robinets, et qu'ils sont capables de controler leur progression donc qu'ils ne cogneront pas leurs robinets. Pour ma part, quand je plonge en grotte, j'utilise une cage de protection. La technique DIR préconise de ne pas utiliser de protection de robinetterie.

6.2.4) Les robinets

Les robinets seront sans réserve, dans le cas contraire, les réserves seront bloqués en position ouverte.

Il faut utiliser des robinets avec des volants progressifs permettant de mettre lentement les détendeurs sous pression. Les systèmes quart de tour sont à proscrire. Le volant sera en caoutchouc, suffisamment souple afin d'amortir les chocs. Il faut éviter les volants en métal qui à la suite d'un coup peuvent se bloquer.

6.2.5) Marquage des bouteilles

Tout comme les bouteilles de déco, il est prudent de mesurer soi-même le pourcentage en Oxygène des mélanges dans les bouteilles. Le résultat doit ensuite être écrit au marqueur sur du ruban adhésif ainsi que la date et la pression. Ainsi avant de plonger, en regardant les manomètres, on sait si de l'hélium s'est échappé et donc si la concentration d'Oxygène a augmenté. Pour être plus précautionneux, il est possible de mesurer la contenance en oxygène juste avant la plongée. Une erreur dans le pourcentage d'O2 dans le mélange peut être dramatique, car il est impossible de s'en apercevoir lors de la plongée. En effet, en cas d'hypoxie ou d'hyperoxie, généralement, aucun symptome ne se manifeste avant l'évanouissement. Une erreur dans le pourcentage d'Hélium est moins dangereuse, puisqu'un pourcentage d'He moins important signifie une narcose plus importante lors de la plongée, signe qu'un plongeur entrainé reconnaitra rapidement, un pourcentage plus important de quelques % ne change pas les tables, plus de 10 à 15% et les risques d'accident de décompression sont importants, mais cela se manifestera sur le bateau et vous pourrez être traité et évacué.

6.2.6) Pression de service

Les pressions de service des bouteilles de plongée peuventt varier de 150 à 300 bars. La grosse majorité des bouteilles sont à 200 ou 230 bars, ces valeurs sont intéressantes car elles correspondent à la limite approximative à laquelle les gaz utilisés en plongée s'éloigne franchement de la loi des Gaz parfaits et rejoignent la loi des gaz réels où la compressibilité des gaz rentre en compte. Ainsi, les bouteilles à 300 bars sont à éviter car le mélange à réaliser sera plus difficile du fait du comportement non parfait des gaz. De plus, les robinets, détendeurs, flexibles et manomètres doivent supporter cette pression élevé et donc sont fragilisés. Une bouteille à 300 bars, selon les mélanges, va finalement, en tenant compte de la compressibilité des gaz, être l'équivalent d'une bouteille à 240 ou 260 bars. Sans compter l'obligation de trouver un compresseur à 300 bars, délivrant de l'air compatible avec l'Oxygène afin de réaliser les mélanges.

6.2.7) Accrochage des accessoires

La technique DIR préconise de ne rien ajouter à son bi afin d'avoir un ensemble le plus hydrodynamique possible et afin d'éliminer toute possibilité d'accrochage du scaphandre avec le fil d'ariane. D'autres préfèrent ajouter un culot et/ou un filet de protection et/ou des caoutchoucs et/ou des anneaux pour accrocher du matériel. Personnellement, je ne mets pas d'accessoires sur mon Bi car je veux pouvoir voir mon matériel pendant la plongée. Donc pas d'anneaux, de colliers ou de caoutchouc, j'ai cependant installé des culots car je stocke les bouteilles debout et c'est plus simple pour moi.
accessoires scaphandre

6.2.8) Dégraissage du matériel

Les bouteilles et les robinets qui recevront du Nitrox ou du Trimix doivent impérativement être dégraissés. En effet, la préparation du mélange se fera dans la majorité des cas par la technique dite des pressions partielles qui consiste à calculer les pressions partielles de chacun des constituants du mélange : Oxygène, Hélium et Air. Puis, à l'aide de bouteilles d'Oxygène et d'Hélium et d'un compresseur d'air , on transfère les gaz dans la bouteille de plongée. Afin d'avoir une explication plus complète sur les techniques de mélange, on peut se reporter au chapitre 8, intitulé Comment réaliser les mélanges. Ce qu'il faut savoir concernant les bouteilles de plongée, c'est qu'à un moment, il va falloir transférer de l'oxygène pur dans la bouteille de plongée, or l'Oxygène est un puissant oxydant. Il peut énormément augmenter l'inflammabilité de n'importe quel matériau (acier, aluminium compris). Cette propriété augmente avec la pression.

Pour qu'une combustion se produise, trois composants doivent être réunis : du combustible, un oxydant et une source de chaleur. On fait souvent référence à ses trois composants en utilisant l'appellation "triangle de combustion". Or, le transfert de gaz dans une bouteille de plongée crée de la chaleur, plus ce transfert est rapide plus la chaleur est élevée. Il faut donc éviter les forts changements de pression qui font chauffer les bouteilles et gonfler le métal, ou les gros débits qui font chauffer tous les éléments sur le trajet du gaz. Afin de diminuer les risques, on cherche également à retirer tout combustible possible du système. Rendre un scaphandre compatible O2, c'est donc retirer tous les contaminants des bouteilles et robinetteries.

Cette compatibilité O2 s'obtient par démontage du matériel suivi d'un nettoyage minutieux et méticuleux à l'aide de nettoyant non toxique et non inflammable pour retirer toute trace d'hydrocarbone (huile et graisse) ou autre potentiellement dangereux contaminant. Puis chaque partie potentiellement combustible (plastique, caoutchouc ou silicone) sera remplacé, les nouvelles parties seront lubrifiés avec une graisse compatible oxygène (comme la Krytox).

Pour des explications détaillées des techniques de nettoyage, on peut se reporter à deux excellents ouvrages :  Plonger aux mélanges, par Henri JUVENSPAN, Christian THOMAS en Français et Oxygen Hacker's Companion, par Vance HARLOW en Anglais.

A partir du moment où les blocs seront compatibles oxygène, il faut être très attentif à la recontamination éventuelle des bouteilles. Cette recontamination peut potentiellement se produire lors du transfert de l'air dans la bouteille. Cet air circule à l'intérieur du compresseur et se charge en huile, cette huile est retiré par un filtre en sortie du compresseur. Si le compresseur est mal entretenu et/ou le filtre non changé régulièrement, l'air sera encore chargé de contaminants qui viendront se déposer dans la robinetterie et la paroi de la bouteille. Il faut donc être trés attentif à l'entretien de son compresseur ou au choix de son fournisseur d'air, ne pas hésiter à vérifier que le compresseur est bien entretenu et démonter régulièrement la bouteille afin de vérifier l'intérieur.

6.2.9) Cas particulier

Pour certaines plongées de pointe (temps de plongée, longueur à parcourir ou profondeur importante), le scaphandre pourra comporter plus de deux bouteilles ou un recycleur. Cependant, l'utilisation de tels scaphandres reste marginale, les plongées de pointe ne sont pas courantes et le coût des recycleurs est trés important. N'ayant jamais essayé ces systèmes, je ne chercherais pas à les traiter de façon approfondie.

Afin de confectionner un scaphandre dorsal à trois ou quatre bouteilles, il faut utiliser des arceaux spécialement conçus à cet effet ou utiliser des plaques intermédiaires, il existe en effet des accessoires qui permettent de rajouter une troisième bouteille à un cerclage métal.
Adaptateur Tri bouteilles

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